Femmes et gouvernance en Europe : progrès, inégalités et perspectives des conseils d’administration


État des lieux

Au premier semestre 2025, les données publiées indiquent qu’au sein de l’ensemble des grandes entreprises cotées de l’European Institute for Gender Equality (EIGE) dans l’European Commission, les femmes ne représentaient que 35,1 % des membres des conseils d’administration.

Disparités nationales

Des différences importantes subsistent entre États‑membres :

  • La France affiche un taux élevé proche de 46,9 % de femmes dans les conseils d’administration.
  • L’Italie (≈ 44,4 %), le Danemark (≈ 44,3 %) et les Pays‑Bas (≈ 43,8 %) suivent.
  • À l’inverse, des pays sans ou peu de législation contraignante affichent des taux très bas : Hongrie ≈ 11,3 %, Chypre ≈ 11,8 %, Estonie ≈ 14,6 %, Malte ≈ 16,8 %.

Réglementation européenne

Le Directive (UE) 2022/2381, adoptée le 22 novembre 2022, impose aux grandes sociétés cotées dans l’UE que, d’ici juillet 2026, soit 40 % des postes d’administrateurs non‑exécutifs soient occupés par le sexe sous‑représenté (le plus souvent les femmes), soit 33 % de tous les postes d’administrateurs. Les États‑membres devaient transposer la directive dans leur droit national au plus tard en décembre 2024, avec mise en place de sanctions dissuasives.

Effets des quotas légaux et mesures nationales

Les pays ayant mis en place des quotas contraignants ou des législations spécifiques affichent des taux de participation féminine dans les conseils nettement plus élevés. Par exemple, en octobre 2024, dans les États dotés de quotas obligatoires, la part moyenne des femmes était de 40,1 %, contre 32,5 % dans les États à mesures volontaires, et 17,8 % dans ceux sans action.

Structure et gouvernance des entreprises : non‑exécutifs vs exécutifs

Les données montrent une différenciation marquée : en octobre 2024, les femmes occupaient ≈ 37,2 % des postes non exécutifs dans les grands groupes listés, mais seulement ≈ 23,3 % des postes exécutifs. L’écart entre participation aux conseils et accès aux fonctions dirigeantes reste donc important.

Tendances et progression

Sur la dernière décennie (2014‑2024), l’EIGE note une progression de la représentation féminine dans les conseils des grandes entreprises de l’UE de ≈ 19,8 % à ≈ 34,7 %. La progression est plus forte dans les États ayant pris des mesures contraignantes. Cependant, dans certains pays, la progression est faible voire quasi stagnante.

Contexte français

La France est souvent citée en tête du classement européen pour ce type d’indicateur. En 2024‑2025, les grandes entreprises cotées françaises (en particulier le CAC 40) ont atteint des proportions de femmes dans les conseils proches de 46‑48 %, ce qui dépasse les seuils imposés par l’UE et montre l’effet des dispositifs nationaux (ex. loi Copé‑Zimmermann et autres quotas nationaux).

Conclusion

Malgré des progrès indéniables, la représentation des femmes dans les conseils d’administration des grandes sociétés cotées de l’UE reste encore loin de la parité. La directive européenne de 2022 renforce les exigences pour atteindre d’ici 2026 des seuils structurels, mais les écarts nationaux subsistent largement. L’accès des femmes aux fonctions exécutives reste particulièrement en retard.

Sources : EIGE « Gender balance in business and finance », EIGE « Why more women on company boards is good for business », European Commission communiqué « Gender Balance on Corporate Boards Directive 2022/2381 », IMD « Women on European boards: A route towards 40% ».

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