Féminicides : une tragédie persistante malgré les efforts engagés
En 2023, au moins 85 000 femmes ont été tuées par un proche à travers le monde, soit une toutes les dix minutes (ONU novembre 2024). Cette violence touche toutes les régions et catégories sociales, mais certaines zones, comme l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie, enregistrent des taux particulièrement élevés. 60 % des victimes ont été tuées par leur conjoint ou un membre de leur famille, faisant du foyer l’endroit le plus dangereux pour elles. Malgré les efforts de prévention, les chiffres restent stables depuis 2010, soulignant l’ancrage de cette violence dans les normes sociales et culturelles.
En France, 94 féminicides conjugaux ont été recensés en 2023, contre 118 en 2022, soit une baisse de 20 % (Ministre de la justice janvier 2024). Cependant, ce chiffre est contesté par des associations qui en dénombrent 102 et soulignent que plusieurs enquêtes restent en cours. D’autres estimations portent à 134 le nombre total de femmes tuées en raison de leur genre, incluant les victimes hors cadre conjugal. De plus, 30 des victimes étaient connues des services de police ou de justice, révélant des lacunes dans les dispositifs de protection.
Si des mesures comme les bracelets antirapprochement et les téléphones grave danger ont été renforcées, leur efficacité reste relative. Le nombre d’appels au 3919, ligne d’aide aux victimes, a même augmenté, passant de 93 000 en 2022 à 98 000 en 2023, indiquant que le danger demeure omniprésent.
Face à cette tragédie persistante, la réponse judiciaire seule ne suffit pas. Une approche globale, combinant protection immédiate, prévention et transformation des mentalités, est indispensable pour enrayer ce fléau qui continue de faucher des milliers de vies chaque année. Le fléau des feminicides n'est hélas qu'une des graves et ravageantes consecquences de la discrimination depuis des millénaires des femmes par les hommes et leur assignation à des tâches sociales secondaires. Et c'est cette "mentalité" criminelle de l'appropriation de la femme par l'homme qui, intérieurement et instinctivement, l'autoriserait à la brutaliser voire la tuer si l'idée de le contredite, de le fâcher ou de le quitter, par malheur, lui traverserait l'esprit. Bref, la longue ségrégation a créée des monstres et l'horreur. Le combat pour des droits entiers et équitables pour les femmes reste long et, contrairement aux apparences, très fragile.
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