Un hommage tardif mais essentiel : des femmes scientifiques bientôt inscrites sur la Tour Eiffel

Depuis 1889, la Tour Eiffel célèbre 72 scientifiques et ingénieurs français — essentiellement des figures imposantes de la science et de la technique de la Révolution jusqu’à la fin du XIXᵉ siècle — en les retraçant en lettres dorées autour du premier étage. Parmi eux, des noms illustres tels que Lavoisier, Arago, Ampère, Cuvier ou Daguerre... mais aucune femme n’y figure, malgré les travaux reconnus de pionnières comme Sophie Germain ou Émilie du Châtelet.

Pour corriger cette absence criante, la Ville de Paris, la SETE (Société d’Exploitation de la Tour Eiffel) et l’association Femmes & Sciences ont constitué un comité d’experts en mars 2025, avec une première réunion symbolique sur le monument en mai. Dirigée par Jean-François Martins et par l’astrophysicienne Isabelle Vauglin, cette instance reflète une diversité de savoirs — historiques, scientifiques, patrimoniaux, techniques — pour définir les modalités d’inscription des noms féminins.

L’idée retenue : ajouter 72 noms de femmes scientifiques décédées — en lettres conservant la typographie d’origine — mais cette fois placés au deuxième étage. Un geste symbolique fort : en nombre égal aux hommes, mais plus haut, soulignant ainsi l’ampleur de leur contribution à l’avancement scientifique. Ce geste vise à lutter contre l’« effet Matilda », cette invisibilisation systématique des contributions féminines à la recherche.

Avant fin 2025, la commission remettra à Anne Hidalgo une liste de 72 femmes émérites — françaises majoritairement — ayant vécu entre 1789 et aujourd’hui. L’objectif : proposer une grille d’honneurs féminins en parfaite harmonie avec l’esthétique historique du monument.

Ce projet trouve son origine dans un collectif étudiant appelé “Les 40 sœurs d’Hypatie”, soutenu par l’Académie des Sciences, l’Observatoire de Paris-PSL, Sorbonne Université ou Sciences Po. Il s’inscrit dans un mouvement plus large de reconnaissance, à une époque où les débats sur la place des femmes dans la science prennent une dimension mondiale. En réécrivant ce chapitre visuel de la science sur la Tour Eiffel, Paris affirme sa volonté de rendre visible ce qui fut trop longtemps invisible.


Source : Paris.fr

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