Sexisme au travail : malgré les avancées, le chemin reste long
Les entreprises multiplient les initiatives en faveur de l’égalité, mais le sexisme ordinaire reste solidement ancré dans la vie professionnelle. Le dernier baromètre 2025 publié par l’Association française des managers de la diversité (#StOpE), en partenariat avec Ipsos, montre à quel point les perceptions entre hommes et femmes divergent sur ce sujet.
Un quotidien encore marqué par des attitudes sexistes
Près de huit femmes salariées sur dix disent être confrontées à des propos ou décisions sexistes dans leur parcours professionnel. Ce chiffre, bien que légèrement en baisse par rapport à 2021, demeure jugé « alarmant ». Les blagues sexistes, loin de disparaître, concernent toujours trois salariées sur quatre. Et près de 40 % des femmes affirment avoir été interpellées par des surnoms ou qualificatifs stéréotypés, que la moitié des hommes considèrent à tort comme flatteurs.
En réunion, deux tiers des femmes déclarent avoir déjà subi des comportements sexistes, des situations pourtant invisibles pour la majorité des collègues masculins. Cette différence de perception traduit un décalage persistant dans la manière dont hommes et femmes appréhendent ces pratiques.
L’évitement comme mécanisme de survie
Pour se protéger, 57 % des femmes disent adopter des stratégies d’évitement : adapter leur tenue, éviter certaines situations, contourner certains collègues. Ce chiffre n’a pas évolué depuis 2023, preuve que la charge mentale liée au sexisme reste inchangée.
À cela s’ajoutent des inégalités plus structurelles : plus d’une femme sur deux s’estime moins rémunérée que ses homologues masculins à travail équivalent, et sept sur dix considèrent la maternité comme un frein à leur carrière. La moitié des salariées déclarent même avoir vu leurs compétences mises en doute en raison de leur sexe.
Le rôle clé des entreprises
Si neuf salariés sur dix reconnaissent les effets délétères du sexisme sur le bien-être et la santé des femmes, l’enjeu principal reste la réaction des employeurs. Le baromètre souligne que les organisations engagées dans l’initiative #StOpE obtiennent des résultats tangibles : 77 % des femmes et 86 % des hommes y perçoivent un engagement clair de leur direction, contre des scores bien plus faibles dans la moyenne nationale.
La formation joue également un rôle déterminant. Dans ces entreprises, près de la moitié des salariés ont déjà participé à des ateliers dédiés à la lutte contre le sexisme, soit deux fois plus que dans le reste du monde du travail. Le sentiment de protection y est aussi plus fort : deux femmes sur trois affirment s’y sentir soutenues, contre seulement 58 % ailleurs.
« Les femmes veulent être reconnues »
Malgré ces avancées, la demande des salariées reste forte. « Les femmes veulent de la considération, elles veulent un sentiment de légitimité », rappelle Brigitte Grésy, à l’origine du baromètre. Elle souligne également la réticence persistante d’une partie des hommes dès qu’il s’agit de mesures concrètes, comme les quotas, souvent perçus comme une menace pour eux.
Avec plus de 130 000 réponses recueillies auprès des salariés de 19 organisations signataires, cette édition du baromètre atteint un niveau inédit de participation. Complétée par une enquête nationale Ipsos, elle illustre un paradoxe : les initiatives progressent, mais la culture sexiste, elle, résiste.
Source : radiofrance.fr
Commentaires
Enregistrer un commentaire