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Et si l’humanité s’offrait vingt ans de gouvernance féminine ?

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Introduction Depuis des millénaires, l’humanité est dirigée presque exclusivement par des hommes. Cette réalité n’est ni une opinion ni une exagération militante : c’est un fait historique massif, documenté, constant. Des empires antiques aux États modernes, des monarchies aux républiques, le pouvoir politique, militaire, économique et symbolique est resté une affaire masculine. Le monde tel qu’il existe aujourd’hui est le produit direct de cette gouvernance prolongée. Or, ce monde est marqué par des guerres incessantes, une course aux armements, la destruction accélérée de la nature, l’exploitation des autres espèces vivantes et la généralisation de systèmes de domination — racisme, sexisme, colonialisme, exploitation sociale. Il est légitime, face à ce constat, de poser une question radicale : et si le problème n’était pas seulement les politiques menées, mais ceux qui gouvernent depuis toujours ? Un diagnostic historique sans détour Les grandes catastrophes humaines n...

Katherine Johnson : Une trajectoire de génie face au racisme et au sexisme

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Enfance et formation : le génie précoce d’une enfant noire de Virginie Katherine Coleman naît en 1918 dans une Virginie profondément ségréguée. Très tôt, son talent pour les mathématiques est fulgurant : elle saute plusieurs classes et entre à l’université à 15 ans. Mais dans l’Amérique des lois Jim Crow, les options pour une jeune femme noire, même brillante, sont limitées. Elle étudie dans des établissements distincts, réservés aux Afro-Américains, et devient enseignante faute d’avoir accès aux carrières scientifiques proposées aux Blancs. Son destin bascule lorsque la Seconde Guerre mondiale ouvre certains postes techniques aux femmes, puis lorsqu’en 1953 la NACA — l’agence aéronautique qui précède la NASA — recrute des mathématiciennes noires comme “computers”. Les femmes de couleur sont regroupées dans une unité séparée : la West Area Computing Unit . Katherine Johnson y entre avec enthousiasme, mais découvre une nouvelle forme de ségrégation, plus subtile mais tout ...

Sierra Leone : Une avancée historique dans la lutte contre le mariage des enfants

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Introduction Le 2 juillet 2024, la Sierra Leone a franchi une étape historique dans la protection des droits de l'enfant. Le président Julius Maada Bio a promulgué la loi sur l'interdiction du mariage des enfants, marquant l'aboutissement d'années de mobilisation de la société civile, des organisations internationales et du gouvernement. Cette législation criminalisé le mariage de toute personne de moins de 18 ans, une pratique qui touchait environ 30% des jeunes filles du pays. Cette avancée législative représente un tournant majeur pour la Sierra Leone, nation d'Afrique de l'Ouest où le mariage précoce constituait l'une des violations des droits les plus répandues, affectant profondément l'éducation, la santé et l'avenir de milliers de filles chaque année. Le contexte alarmant du mariage des enfants en Sierra Leone L'ampleur du phénomène Avant l'adoption de cette loi, la Sierra Leone figurait parmi les pays du monde présenta...

Violences faites aux femmes : un fléau mondial que rien ne semble, hélas, freiner

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Le 19 novembre 2025, l'Organisation mondiale de la Santé et plusieurs agences des Nations Unies ont publié des rapports alarmants sur les violences faites aux femmes dans le monde. Ces documents dressent un constat accablant : malgré deux décennies de mobilisation internationale, les progrès restent dérisoires face à l'une des crises des droits humains les plus persistantes de notre époque. Environ 840 millions de femmes, soit près d'une sur trois à l'échelle mondiale, ont subi des violences conjugales ou sexuelles au cours de leur vie, un chiffre qui n'a pratiquement pas évolué depuis l'an 2000. Une stagnation alarmante des violences conjugales Les données compilées entre 2000 et 2023 dans 168 pays révèlent une réalité glaçante. Au cours des douze derniers mois précédant la publication du rapport, 316 millions de femmes âgées de 15 ans ou plus ont été victimes de violences physiques ou sexuelles de la part d'un partenaire intime, représentant ...

Égypte : l’excision frappe encore 87 % des femmes, un fléau persistant dont on ne parle pas

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Introduction  L’excision (mutilation génitale féminine, MGF/FGM) reste en Égypte l’une des pratiques les plus répandues au monde en nombre absolu de victimes. Malgré des progrès récents chez les plus jeunes générations, la pratique demeure profondément ancrée, partiellement « médicalisée » et inégalement combattue sur le terrain. Cet article rassemble les données clés, l’évolution récente, les facteurs culturels, les conséquences sanitaires et psychologiques, le cadre légal et les réponses (programmes gouvernementaux et ONG), avec les sources associées à chaque assertion. 1. Définition et types L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les grandes agences classent la MGF en quatre types (I à IV) allant de l’ablation partielle du clitoris (type I) à l’infibulation (type III) et autres pratiques dommageables (type IV). En Égypte, les types I et II sont les plus fréquents, même si des cas d’infibulation existent. 2. Échelle du phénomène — chiffres globaux et égyp...

Femmes et gouvernance en Europe : progrès, inégalités et perspectives des conseils d’administration

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État des lieux Au premier semestre 2025, les données publiées indiquent qu’au sein de l’ensemble des grandes entreprises cotées de l’European Institute for Gender Equality (EIGE) dans l’European Commission, les femmes ne représentaient que 35,1 % des membres des conseils d’administration. Disparités nationales Des différences importantes subsistent entre États‑membres : La France affiche un taux élevé proche de 46,9 % de femmes dans les conseils d’administration. L’Italie (≈ 44,4 %), le Danemark (≈ 44,3 %) et les Pays‑Bas (≈ 43,8 %) suivent. À l’inverse, des pays sans ou peu de législation contraignante affichent des taux très bas : Hongrie ≈ 11,3 %, Chypre ≈ 11,8 %, Estonie ≈ 14,6 %, Malte ≈ 16,8 %. Réglementation européenne Le Directive (UE) 2022/2381, adoptée le 22 novembre 2022, impose aux grandes sociétés cotées dans l’UE que, d’ici juillet 2026, soit 40 % des postes d’administrateurs non‑exécutifs soient occupés par le sexe sous‑représenté (le plus souven...

Briser le silence sur les violences sexistes et sexuelles au sein de l’Éducation nationale

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L’institution scolaire est supposée être un espace de transmission, d’apprentissage et de confiance. Pourtant, derrière les discours républicains sur l’égalité, de nombreuses travailleuses et travailleurs de l’Éducation nationale continuent de subir des violences sexistes et sexuelles. Ce paradoxe est d’autant plus alarmant que l’École devrait être exemplaire dans la lutte contre ces violences. Les données existantes montrent un phénomène massif. Selon l’enquête Genèse (2021), deux femmes sur cinq déclarent avoir déjà subi des violences sexistes ou sexuelles dans leur vie professionnelle, et une sur cinq rapporte des comportements inappropriés à caractère sexuel sur son lieu de travail. Dans l’Éducation nationale et l’Enseignement supérieur, les chiffres sont encore plus élevés. Une enquête menée par SUD éducation en 2024 indique que près de 60 % des personnels interrogés disent avoir été victimes de violences sexistes ou sexuelles. Les faits rapportés vont des remarques ...

De la théorie à l’action : les outils concrets qui font avancer l’égalité femmes-hommes en entreprise

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En France, les entreprises, les institutions publiques et même les petites structures commencent à intégrer des outils très concrets pour faire de l’égalité femmes-hommes une réalité quotidienne. Loin des slogans, ce sont ces dispositifs mesurables et reproductibles qui font avancer la parité et permettent de lutter contre les stéréotypes sexistes. 1. Le programme Potenti’Elles et le réseau DG’Elles (Direction Générale des Entreprises) Le ministère de l’Économie, via la DGE, a créé deux dispositifs internes : Potenti’Elles et DG’Elles . Ces programmes combinent mentorat, coaching, formations et mise en réseau pour aider les collaboratrices à accéder à des postes de direction. Résultat : la part de femmes nommées à des postes à responsabilité est passée de 28 % en 2020 à 47 % en 2024 . Clé du succès : une implication directe de la direction et une valorisation publique des parcours des femmes accompagnées, pour en faire des modèles visibles en interne. 2. Le guide ...

L'IA : une technologie conçue majoritairement par les hommes et qui détruit d'abord les emplois majoritairement occupés par les femmes

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Un progrès technologique porteur d’inégalités L’intelligence artificielle, souvent présentée comme une révolution neutre et bénéfique pour tous, révèle en réalité une fracture grandissante entre les sexes. Loin d’être un simple outil d’efficacité, elle agit comme un miroir des déséquilibres sociaux, économiques et culturels déjà présents. Là où certains voient une promesse de modernité, d’autres, en particulier les femmes, perçoivent une nouvelle forme d’exclusion. L’automatisation cible les métiers féminisés Les métiers les plus menacés par l’automatisation – assistance administrative, secrétariat, comptabilité, services à la clientèle – sont précisément ceux où les femmes sont majoritaires. Ces emplois, essentiels mais souvent sous-valorisés, se trouvent en première ligne face à des systèmes capables de rédiger, classer, répondre ou traiter des données sans pause ni salaire. Lorsque les machines remplacent, elles ne le font pas au hasard : elles effacent d’abord les em...

Moins d’enfants pour mieux gagner : le lourd compromis des femmes face aux inégalités salariales

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Malgré les discours récurrents sur l’égalité professionnelle, les chiffres rappellent une réalité obstinée : les femmes continuent de gagner nettement moins que les hommes. Et si, à première vue, l’écart s’est réduit au fil des décennies, la cause principale de cette évolution en dit long sur les sacrifices imposés aux femmes : elles ont eu moins d’enfants. L’écart qui persiste malgré les décennies de progrès En France, les statistiques de l’Insee pour 2023 montrent que les femmes employées dans le secteur privé perçoivent en moyenne un revenu salarial inférieur de 22,2 % à celui des hommes. Aux États-Unis, selon les données de 2024, chaque heure travaillée par une femme ne rapportait que 85 % de celle d’un homme. Un progrès certain, si l’on se souvient qu’au milieu des années 1980, les Américaines ne touchaient que 65 % du salaire horaire masculin. Mais ce rapprochement est trompeur : il ne reflète pas une amélioration structurelle de la reconnaissance du travail des fe...